Chronique D’un Report Qui Fâche : Quand La Ligue Pro Confond Cérémonial Et Compétition

Souleymane Boun Daouda DIOP se prononce sur le report du démarrage du championnat local. Pour l’ancien directeur de la haute compétition, cette décision est incompréhensible.
La nouvelle est tombée comme un coup de sifflet contre son camp : la Ligue Sénégalaise de Football Professionnel (LSFP) a décidé de reporter le démarrage du championnat d’une semaine. Initialement prévu les 25 et 26 octobre, le lancement de la saison est repoussé.

Les motifs officiels ? La visite d’une délégation de la FIFA et l’installation du Comité Exécutif de la Fédération.

Si ce n’était pas aussi grave pour notre football, on pourrait presque en rire.

LA FIFA N’EST PAS UN PRÉTEXTE

Dans quel pays sérieux suspend-on un championnat parce que la FIFA rend visite ?

Jamais un dirigeant du football mondial n’a interrompu un entraînement, encore moins une compétition officielle, sous prétexte que Gianni Infantino venait d’atterrir.

Dans les nations où le football est pris au sérieux, on invite la FIFA à assister à un match.

On ne suspend pas le jeu pour dérouler le tapis rouge.

LE THÉÂTRE ADMINISTRATIF DU COMEX

Et que dire du second motif : l’installation du Comité Exécutif ?

Un comité élu depuis plusieurs mois, composé de membres sans joueurs en activité ni entraîneurs, devient soudainement la raison d’un report.

À ce rythme, pourquoi ne pas repousser une journée de championnat pour célébrer un baptême, un anniversaire ou un mariage en seconde noce d’un dignitaire de la CAF ou de la FSF ?

UNE SEMAINE PERDUE, DES CLUBS PUNIS

Derrière cette légèreté, les conséquences sont bien réelles.

Chaque semaine de report bouleverse la planification des entraînements, engendre des coûts supplémentaires, perturbe les joueurs et fragilise économiquement les clubs.

Le championnat professionnel, c’est aussi une machine économique.

Chaque jour compte — surtout pour les clubs qui jonglent avec des budgets serrés et des plannings millimétrés.

Être professionnel ne se limite pas à porter un badge ou une veste siglée FSF.

C’est respecter le calendrier, honorer les engagements des clubs, et offrir aux joueurs un cadre stable et crédible.

DES RÔLES À CLARIFIER

Ce nouvel épisode révèle une confusion persistante :

Les élus dirigent. Les techniciens planifient. Les clubs jouent.

Quand les cérémonies passent avant le sport, le football recule.

La planification sportive n’est pas un spectacle mondain, c’est un engagement professionnel envers les clubs, les entraîneurs, et surtout, les joueurs.

ET DEMAIN ?

Bientôt viendra la CAN au Maroc.

Il n’y aura probablement aucun joueur local dans la sélection, mais le championnat sera suspendu. Pourquoi ? Parce que certains membres du COMEX voudront suivre les matchs de l’équipe nationale et de leurs clubs.

Et, comme toujours, on trouvera un prétexte.

LA RIGUEUR N’EST PAS UNE OPTION, MAIS UNE EXIGENCE

Le football professionnel sénégalais mérite mieux que des improvisations et des justifications légères.

Il a besoin de rigueur, de cohérence et de respect.

Nos clubs, nos entraîneurs et nos joueurs ne demandent pas des miracles.

Ils réclament simplement du professionnalisme.

Ce report d’une semaine n’est pas une simple anecdote.

C’est un symbole : celui d’une organisation qui n’a pas encore compris que le professionnalisme ne se décrète pas — il se prouve.

Et à ce jeu-là, une fois encore, la LSFP vient de marquer contre son camp.

Souleymane Boun Daouda DIOP, amateur de football.

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