CRISE À LA SONACOS : CINQ MOIS SANS, UN QUOTIDIEN À L’HUILE RANCE

À Diourbel, la situation des joueurs de la Sonacos est devenue insoutenable. Surnommés les Huiliers, en référence à leur club historiquement rattaché à la société nationale des oléagineux, les footballeurs vivent aujourd’hui dans des conditions indignes d’une formation de Ligue 1. Depuis le début de la saison en octobre, ils n’ont reçu leur salaire que deux fois : en décembre et à la veille de la Korité. Cinq mois de retard de paiement qui pèsent lourd dans le quotidien des joueurs.

Primes fantômes, salaires en fumée

« Nous sommes restés cinq mois sans salaire », confie un joueur sous couvert d’anonymat. Les primes de match, censées mettre un peu de beurre dans les épinards dans ce contexte difficile, sont presque inexistantes : « Parmi toutes nos victoires, seules celles contre le Jaraaf et les HLM ont été récompensées, entre 5 000 et 15 000 francs. Contre Dakar Sacré-Cœur, on a juste reçu 1 000 francs pour une collation. »

Le président reste silencieux

Le personnel a tenté de faire entendre ses doléances. « À chaque fois qu’on parle au président, il nous répond qu’il n’a pas d’argent. On a eu deux réunions, mais le discours ne change pas. » Résultat : ni les joueurs ni les membres du staff n’ont touché leur salaire depuis des mois.

Des déplacements éprouvants, une préparation au rabais

À ces difficultés financières s’ajoutent des conditions logistiques déplorables. « Quand on doit jouer à Dakar, on quitte Diourbel la veille vers 19h pour arriver à 21h ou 22h. On mange vers 23h, on se couche tard, et le lendemain on doit être performants. » Le joueur témoigne aussi d’une alimentation peu adaptée : « On nous donne juste de quoi manger, mais si tu veux boire autre chose, tu dois l’acheter toi-même. »

Des Huiliers pressés à sec

Le cas de la Sonacos illustre les dérives structurelles de nombreux clubs sénégalais : gestion opaque, absence de financement stable, précarité des joueurs. Triste ironie pour un club lié à une entreprise censée incarner la transformation et la richesse de l’huile d’arachide : les Huiliers ne pressent plus rien, ils sont eux-mêmes pressés à sec.
DSports

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